Elle allait enfin quitter Bedford. Enfin. Cela devait le plus beau jour de sa vie. Elle en avait tellement envie. Quitter cette ville, voir à quoi la vie pouvait ressembler dans une grande ville. Une ville où elle pourrait tenter sa chance et devenir une grande ballerine. New-York serait la ville de son nouveau départ. Elle devrait être heureuse. Elle l'est. En très grande partie. Sauf qu'il y avait une petite part d'elle qui était triste, qui se disait qu'elle devrait rester dans cette ville. Rien que pour sa mère déjà. Elle ne voulait pas la quitter. Après tout, elle était la personne la plus chère à son cœur. C'était son modèle. Elle était une sorte de superhéro. Elle l'avait élevé seule, malgré toutes les rumeurs, toutes les choses affreuses qui ont pu se dire. Elle avait toujours été là pour elle. Mais elle devait partir. Pour avoir un meilleur avenir. Pour elle et pour sa mère. Elle marchait dans les rues de Bedford. Ces longs cheveux roux étaient attachés d'une queue de cheval parfaitement impeccable. Elle était habillée d'une robe jaune lui arrivant légèrement au-dessus du genou – une robe presque indécente lorsqu'elle y repensait, mais elle s'en fichait. Elle entendait les sifflements, les remarques à son égard. Mais elle s'en fichait complètement. Elle les ignorait tout simplement. La jeune femme marchait tout simplement jusqu'à l'arrêt de bus. Elle n'aurait plus à supporter ses idiots. Millicent était à l'arrêt. Elle n'était pas la jeune. Il y avait des familles. Des couples aussi. Elle les regardait durant quelques instants. Il y avait des pleurs. Ils enlaçaient des hommes. Ceux qu'on appelait pour aller à la guerre, pour aller en Europe. Elle fût sortie de ses pensées par une voix qui appelait son prénom.
« Millie ! » Elle s'était retournée. En face d'elle, un adolescent du même âge qu'elle commençait à courir en sa direction. Un faible sourire se dessina sur le visage de la rousse.
« Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu partais ? Je pensais que … » Il s'était arrêté de parler, essayant de reprendre son souffle. Elle le savait, Lennon était loin d'être un grand sportif et le voir essoufflé ne faisait que le confirmer.
« Penser quoi ? Que j'allais rester malgré ce qui s'est passé l'autre nuit ? Tu savais que je n'allais pas rester. C'est un secret pour personne. » dit-elle en poussant un léger soupir. Elle lui avait bien dit. Cette nuit qu'ils avaient pu passer ensemble, ce n'était que de l'amusement. Cela ne signifiait rien. Et vu l'expression qu'avait le jeune homme, il était plutôt déçu. Il n'avait pas l'air du même avis que la rousse. Le voir ainsi lui faisait de la peine. Elle posa sa main sur la joue du brun, la caressant doucement avant de la lui pincer légèrement.
« Fais pas cette tête, tu vas t'en remettre. T'es un homme maintenant. Et puis, je reviendrais de temps en temps. Je peux pas laisser tomber le petit garçon qui m'a mis du chewing-gum dans les cheveux. » dit-elle avec un petit rire. Lennon fit une légère grimace avant de se frotter la joue. C'est qu'elle avait pincé fort la rousse. Un bruit de klaxon se fit entendre. Le bus était là. C'était l'heure de la séparation. La jeune femme poussa un léger soupir. Bizarrement, elle ne pensait pas que ça serait difficile. Peut-être parce qu'elle pensait que le brun ne serait pas là. Elle regardait le bus s'arrêter avant de soupirer. Elle regarda le jeune homme avec un léger sourire dessiner sur le visage. Elle avait plongé son regard dans le sien durant un ou deux secondes avant de le prendre dans ses bras. Les portes du bus venaient de s'ouvrir, petit à petit les gens commençaient à s'installer.
« Je t'enverrais des lettres toutes les semaines. Rends visite à ma mère souvent, elle en aura besoin et elle t'aime bien. Tu vas me manquer Lenny. » dit-elle rapidement avant de se séparer du jeune homme et de prendre sa valise et d'aller s'installer dans le bus. La rousse s'installa côté fenêtre. Elle regarda par la vitre, fit un léger signe de la main avant que le bus ne démarre. En fin de compte, cet idiot allait lui réellement lui manquer, mais elle ne voulait pas s'attacher à quelqu'un et ne pas réaliser son rêve. C'était peut-être égoïste, mais elle ne pouvait pas faire ça. C'était contre ses convictions. Peut-être qu'elle allait le regretter. Et là, elle pourra s'en mordre les doigts.
« Millicent, ta tenue est prête. Tu peux aller dans le vestiaire pour te changer, Caroline va terminer sa séance et ensuite ça sera à toi. » Elle acquiesça légèrement timide avec un sourire timide sur le visage. Cela faisait quelques mois qu'elle faisait ce métier. Des photos de charmes. Elle est devenue ce qu'on pourrait appeler une pin-up. Ce n'est que temporaire. C'est ce qu'elle se disait à chaque fois qu'elle se rendait à ce genre de séance photo. C'est pour gagner de l'argent en plus. Pour l'envoyer à sa mère. Elle se sentait mal à l'aise. Et cela pouvait se voir sur les photos. Il faut croire que ce côté timide plaisait, sinon cela aurait fait longtemps que la jeune femme aurait arrêté de faire ce genre de photos. Millicent se dirigeait vers le vestiaire. Une petite pièce où il y avait simplement une commode avec un miroir, ainsi qu'un peu de maquillage et aussi une armoire où se trouvait les tenues que les filles devaient mettre. Ce n'était pas le grand luxe. Cela ressemblait plutôt à un studio photo clandestin plutôt qu'un réel studio photo. Sans doute que ce n'était pas très légal, mais elle s'en fichait. Tant qu'on lui donnait son argent, elle ne se plaignait pas. Elle avait ouvert l'armoire pour voir la tenue qu'elle allait devoir mettre. La dernière fois c'était une tenue de plage. La fois d'avant, c'était une nuisette. Elle posait et ne demandait jamais à voir le résultat. Sans doute qu'elle avait un peu honte de ce qu'elle faisait, alors qu'elle ne devrait pas après tout. Mais elle se motivait pour cette séance. Un grand sourire s'était dessinée sur son visage. Un sourire qui était parti bien rapidement lorsqu'elle vit la tenue qu'elle allait devoir enfiler. Une tenue qu'elle connaissait trop bien. Une tenue de ballerine. Une tenue qu'elle avait l'habitude de mettre depuis des années avant de subitement arrêter à cause d'une stupide blessure qui a fait voler en éclater ce rêve qu'elle avait depuis enfant. Elle l'avait fixé durant quelques secondes, se demandant si c'était une mauvaise blague qu'on lui avait fait.
« Millicent t'es prête ?! C'est ton tour dans 10 minutes ! » Elle poussa un léger soupir. C'était bien réel. C'était sa tenue pour les photos à venir. Lorsque la jeune femme se préparait, elle se mordait les lèvres, se retenant de pleurer en repensant à cette vie qu'elle ne pourrait plus avoir. Elle s'était changée rapidement, c'était presque un automatisme. Elle aurait pu le faire les yeux fermé. Il lui restait encore un peu de temps avant le début de la séance. Elle avait pris un élastique pour attacher ses cheveux en un chignon. Pas ceux qui sont absolument parfaits. Quelques-unes de ses mèches rousses se baladaient librement. Et puis, il était l'heure de faire ces fameuses photos. Le semblant de décor était prêt. Une barre. Un miroir. C'était tout ce qu'il y avait. Il y avait toujours le strict minimum. C'était comme la fois où elle avait fait la séance sur la 'plage'. C'était dans le studio. Il n'y avait bien évidemment pas de sable, pas l'océan, pas de soleil qui brillait de mille feux. Juste un parasol et des lumières artificielles. Le reste du décors venaient ensuite. Une fois qu'ils avaient les photos, il réussissait à faire quelque retouche. C'est ce qu'elle avait compris lorsqu'on lui avait expliqué au début. Mais pour elle, cela ressemblait plus à de la magie qu'autre chose. Millicent s'était installée à la barre et suivait les instructions. Met toi à la barre, fait des pointes – chose qu'elle arrivait à faire durant une dizaine de secondes avant que ses chevilles lui rappellent que ce n'étaient plus possible, baisse toi un peu plus, souris. Voilà le genre de choses qu'elle entendait. Et elle obéissait. De toute façon, elle n'avait pas le choix si elle voulait recevoir sa paye. Et au bout d'une vingtaine de minutes, tout était fini.
« C'était parfait. Tu peux aller voir Sarah, elle te donnera l'argent. Oh et la semaine prochaine, il faudrait que tu viennes un peu plus en avance, j'ai entendu dire qu'il y aura un peu plus de préparation. » Millie avait souri avant d'acquiescer légèrement la tête et de partir vers la fameuse Sarah qui lui tendait quelques billets. Ce qu'elle gagnait n'était sans doute rien par rapport à ce que les plus célèbres pin-up pouvaient gagner, mais elle s'en fichait, ça lui faisait un peu d'argent à envoyer à sa mère. La jeune femme n'avait mis qu'une dizaine de minutes pour rentrer chez elle. Elle avait de la chance pour trouver ce genre de studio près de l'immeuble où elle habitait. Elle était arrivée dans le hall de l'immeuble. Là non plus ce n'était pas un hôtel très luxueux, mais ça lui suffisait. Elle croisa le regard du concierge dans l'immeuble. Il tenait une carte. Elle reconnaissait l'image. Elle se reconnaissait. C'était une des photos qu'elle avait fait. Celle où elle était en lingerie. Cet idiot lui souriait. Au vu de son expression, elle avait l'impression qu'il la voyait comme une proie, comme un morceau de viande. Elle avait envie de vomir. La rousse détourna le regard avant de prendre le courrier dans sa boîte aux lettres. Factures, factures et encore des factures. Et pourtant un sourire vint de dessiner sur le visage de la jeune femme. Une lettre de Lennon. Le genre de lettre qui faisait sa journée, lui apportant forcément de bonnes nouvelles.
Une journée de plus de terminer. Elle ne travaillait plus à l'usine depuis le retour de nombreux hommes qui revenaient de Corée. Toutes les femmes n'y travaillaient plus. Les hommes étaient revenus. Il n'avait donc plus besoin d'elles. Elles pouvaient retrouver leurs fiancés, leurs maris, fonder une famille et s'occuper de la maison. Même si ses hommes étaient revenus avec des blessures qui pouvaient être handicapantes, ils feraient certainement un meilleur travail qu'elle. C'était ce que les patrons avaient dit. Enfin, ils n'avaient pas formulé comme ça, mais c'est ce que leurs mots signifiaient. Et cela avait dégoûté la jeune femme qui venait de dépasser la vingtaine. A cette annonce, elle n'avait pas pu s'empêcher de rire. Elle avait été d'ailleurs la seule parmi la dizaine de femmes qui étaient présentes. C'était n'importe quoi. Ils avaient bien été content de trouver ces femmes comme main d'œuvre. Et maintenant, ils les mettaient à la porte pour cette stupide raison. Elle avait bien le droit de rire. Sauf que ça n'avait pas été bien vu par ses anciens employeurs, mais elle s'en fichait. Elle n'allait plus travailler pour eux. Pendant quelques semaines, elle avait été au chômage, ne faisant que les photos qui étaient maintenant un maigre revenu pour la rousse. Et elle avait trouvé un travail de serveuse dans un diner. Et elle aurait préféré continuer à travailler à l'usine et même si c'était nettement plus fatiguant. Au moins, elle n'avait pas à supporter les mains baladeuses et les remarques déplacés de certains clients. Oh, elle aimerait leur dire le fond de ses pensées, mais si la rousse faisait ça, elle allait se faire virer, chose qu'elle n'avait pas envie. Elle avait besoin de cet argent et donc devait se taire. Et ça bouffait de l'intérieur.
Millicent était rentrée dans son appartement après cette longue journée. La jeune femme n'avait qu'une chose en tête. Prendre une douche bien chaude et d'écouter la radio pour se reposer, enfin même si elle savait très bien qu'elle allait sans doute s'endormir. Juste du repos, c'est ce qu'elle voulait. Elle s'était bien vite rendu dans la salle de bain pour entrer dans sa douche. L'eau chaude commençait à tomber sur le corps de la jeune femme. Millicent n'avait pas pu s'empêcher de pousser un soupir de plaisir avec cette agréable sensation. Elle commençait à sentir ses muscles se détendre de plus en plus. Elle aurait aimé rester sous cette eau chaude plus longtemps. Mais on lui rappela bien rapidement qu'elle était déjà restée trop longtemps dans cette douche. L'eau était devenue froide. Bien trop froid. Un petit cri s'était échappé de la bouche de la jeune femme. Rapidement, elle avait éteint l'eau pour sortir de la douche et d'enrouler une serviette autour d'elle. Elle avait enfilé son pyjama et attaché ses cheveux mouillés en une simple tresse. Son ballon d'eau chaude avait certainement dû sauter. Elle s'était dirigée vers la cuisine pour régler le problème. Sauf qu'on venait de frapper à la porte. Elle avait fait demi-tour pour ouvrir la porte. Le concierge – et propriétaire de l'appartement où elle vivait – se trouvait en face d'elle. Elle n'avait pas eu le temps de prendre la parole qu'il s'était invité chez elle, se dirigeait vers le salon.
« Vous avez oublié de payer le loyer. » « Non, je l'ai payé en début de semaine. » lui avait-elle répondu sûr d'elle. Oh oui, elle se souvient de l'avoir fait, de lui avoir donné cette enveloppe avec l'argent.
« Il manque une partie. Le loyer a augmenté, il manque 75$ et c'est à payer avant de la semaine. » Elle manqua de s'étouffer. C'était une blague. Une de plus.
« 75$?! Je vais trouver cet argent où. » Elle avait déjà envoyé l'argent à sa mère. Les factures sont payées. Il ne lui restait pas grand choses. Juste le minimum pour continuer de vivre le reste du mois.
« Deux jours ou sinon c'est la porte. » « Je ne pourrais pas réunir autant d'argent en peu de temps. Donner moi au moins jusqu'à la semaine prochaine. » Elle pourrait demander à faire des photos et gagner un peu plus d'argent. C'était la seule solution possible. La seule qu'elle voyait en tout cas. Ce n'était pas le cas de la propriétaire qui lui avait une tout autre idée en tête. Il s'était approché d'elle un peu trop d'ailleurs.
« Il peut y avoir une autre solution et je pourrais passer sur cet oublie. » Les mains du propriétaire commençaient à se balader sous le haut de la rousse. Elle n'aimait pas ça. Elle essaya de le repousser.
« Aller ma jolie, laisse toi faire. » Et il revenait sans cesse à l'attaque. Ses mains remontaient sans cesse. Il avait même commencé à déposer ses lèvres dans le creux du cou de la rousse. Du dégoût, c'est ce qu'elle ressentait. Elle repoussait, elle lui disait d'arrêter. Et il revenait, encore et encore. A chaque fois qu'elle le suppliait d'arrêter, elle avait l'impression de vider tout l'air qui se trouvait à l'intérieur de ses poumons. Il commençait à déboutonner le haut de la rousse qui continuait de le repousser.
« Arrête, je sais que t'aime ça. » Une expression de dégoût était présente sur le visage de Millicent. Elle avait réussi à se détacher un peu de lui. Une petite victoire pour elle. Sauf qu'il lui avait pris ses poignets pour la bloquer. Elle pensait que tout était perdu. Elle pensait même à arrêter de se débattre. Et ça durant une petite seconde. Mais elle ne s'était pas arrêtée de se débattre. Au contraire. Elle avait même vu une occasion de se sortir de cette situation. Elle avait donné un coup de genoux – assez violent – au niveau de l'entre-jambe de son agresseur. Et la réaction fut immédiate. Il s'était reculée en poussant un juron.
« Je vous veux en dehors de cet appartement avant la semaine prochaine. » « J'y serais même avant demain soir. » dit-elle avec de la colère dans sa voix. Pas question qu'elle reste dans cet appartement avec ce pervers à côté. Le propriétaire était parti de l'appartement, alors qu'elle se laissait glisser contre le mur. La journée ne pouvait pas être si mauvaise que ça.
« J'ai entendu du bruit, je me suis permis d'entrer pour savoir si ça allait. » Cette voix. Elle la reconnaissait. Alexander. La journée pouvait être plus mauvaise que ça. Elle avait levé la tête avec quelques larmes qui se trouvaient au coin des yeux.
« Millicent ?! » Il s'était approché d'elle. Elle devrait être en colère contre lui. Un peu comme tout le monde qui le connaissait à Bedford pour être parti du jour au lendemain. Mais là elle ne pouvait simplement pas. Elle voulait juste quelqu'un qui la rassurait, qui lui dirait que tout allait bien, même si cette journée était sans doute la pire qu'elle avait pu vivre.
Six mois que cet incident s'était produit. Et elle avait tenu sa parole. Elle avait fait ses valises et était partie le soir même. Elle ne pouvait pas rester dans cet appartement, alors que le propriétaire pouvait lui sauter dessus à n'importe quel moment. Elle n'était pas à la rue. Elle a dormi deux ou trois nuits dans un hôtel avant de trouver un autre appartement. Enfin, cela ressemblait plutôt à un hôtel particulier, mais il y avait une particularité de cet 'hôtel'. Il n'y avait que des femmes. Au moins, elle pouvait se sentir rassurée. L'inconvénient, c'est qu'il y avait des règles assez stricte. Des horaires à respecter comme pour les repas, mais il y avait aussi un couvre-feu. La présence masculine était aussi interdit. Cela pouvait avoir des avantages, comme des inconvénients. Et même si au départ, cela devait être une solution de secours, elle s'y plaisait bien. Elle aimait passer du temps avec quelques-unes de ses voisines pour parler un peu de tout et de rien. C'était de bonnes soirées.
« Il paraît que la propriétaire a surpris Jessica avec un homme hier soir. Un homme qui était en train d'essayer de partir par la fenêtre et à moitié dénudé. » avait dit une de ses voisines. Une nouvelle arrivante. Millicent la regardait avec un petit sourire, alors qu'une des autres filles présentes avait pris la parole.
« C'était une question de temps. La dernière fois qu'elle a essayé de la prendre sur le fait, c'était juste. » Un rire s'était échappée de la bouche de la rousse, ainsi que d'autres, alors que celle qui venait de poser ne comprenait pas.
« Oh chérie, tu verras rapidement que certaines règles ne sont pas forcément respectées. Surtout en ce qui concerne les hommes. » La rousse acquiesça, alors que d'autres continuait de rire. Mais tout s'est arrêté lorsqu'une personne était venue frapper à la porte et d'entrer dans la chambre.
« Millie, il y a un garçon qui est en bas et qui veut te voir. » « Pardon ? » demandait-elle surprise. Parce qu'en ce moment, sa vie sentimentale ressemblait à un désert. Alors qu'un garçon la demande, c'était plutôt suspect.
« Ouais, il y a un garçon qui veut te voir. Il dit qu'il vient de Bedford. » La rousse se leva d'un coup pour aller à l'accueil.
« Je suis désolée jeune homme, mais les filles ne sont pas autorisées à avoir de la visite. » Elle entendait la voix de la propriétaire. Elle voyait aussi la personne qui demandait à la voir. Une tête brune qu'elle semblait reconnaître.
« C'est important, je dois la voir. C'est à propos ... » « Lennon ? » Un doux sourire vint se dessiner sur le visage de la jeune femme qui était heureuse de voir son ami d'enfance. Mais lorsqu'il se retourna et qu'elle vit son expression, la jeune femme savait intérieurement que sa visite n'était pas amicale. Il n'avait pas fait plus de 800 km pour une simple visite.
« Miss Bates remontez dans votre chambre. Si monsieur veut vous parler, il attendra demain, alors ... » « Lennon, qu'est-ce qui se passe ? » Elle s'en fichait de ce que pouvait dire la propriétaire. Quelque chose clochait, elle voulait savoir ce qui se passe.
« Ta mère … Son état s'est aggravé. Elle est à l'hôpital. » Elle secoua la tête rapidement. Elle ne voulait pas y croire. Non, la dernière fois qu'elle a vu sa mère, elle allait bien. C'était ce qu'elle lui avait dit en tout. Elle ne lui aurait pas menti. Lennon, non plus. C'était ce qu'elle pensait. Peu après cette annonce, les larmes avaient doucement à couler. Le brun l'avait pris dans ses bras pour la consoler. Ils étaient repartis pour Bedford dans la soirée. Avec l'état de sa mère, elle ne pouvait rester loin d'elle. La rousse avait donc décidé de quitter la grosse pomme. Peut-être que c'était mieux ainsi. Son temps dans cette ville était terminé. Elle devait rentrer chez elle maintenant.
Cela faisait quelques mois qu'elle était revenue en ville. Pour être aux côtés de sa mère, en espérant que ça aille mieux. Ce n'était pas le cas. C'était même le contraire. Son état s'était aggravé et elle avait fini par pousser son dernier soupir quelques semaines après l'arrivée la rousse. Durant un moment, elle avait été inconsolable. Lennon avait été là pour elle. Comme toujours. C'était même lui qui l'avait informé de la place de libre au journal local. Peut-être un peu trop présent qu'il n'aurait dû. Elle avait besoin de lui, même si elle refusait de se l'avouer. La jeune femme était à son bureau. Elle regardait l'horloge, attendant l'heure du départ. Enfin, elle savait aussi que c'était pour une tout autre raison. Si elle partait juste à l'heure, elle pourrait éviter son patron et le sermon qu'elle allait avoir parce qu'elle n'avait pas respecté le thème de sa rubrique. Pourtant, pour Millicent, elle avait l'impression de l'avoir bien respectés. Comparé la cuisine comme la prison pour une femme, respectait la rubrique cuisine. Parfaitement même. Mais cela n'avait pas plus à Monsieur Camenden. Est-ce qu'elle allait s'arrêter ? Absolument pas. Et l'article qu'elle avait envoyé à l'impression n'allait certainement pas le mettre de bonne humeur. Un sourire s'était dessinée sur le visage de la rousse lorsqu'elle vit l'aiguille arrive à l'endroit qu'elle attendait tant. Elle s'était levée, pris sa veste et était partie en direction de la sortie. Elle était sur le point de mettre le pied dehors lorsqu'elle entendit la porte du bureau de son patron s'ouvrir. Autant dire, qu'elle s'était dépêchée pour partir. Recevoir un sermon pour avoir écrit ce qu'on pensait, c'était absurde. Elle croyait en la liberté d'expression. La jeune femme était sur le chemin pour rentrer chez elle. Elle avait mis une vingtaine de minutes, puisqu'elle rentrait à pied, sa voiture ayant encore un problème. Et à sa grande surprise, il y avait déjà quelque chez elle. Et plus précisément sous sa voiture.
« Je ne savais pas que j'avais appelé un mécanicien. » dit-elle en s'adossant contre sa voiture, alors que Lennon glissa pour apparaître complètement.
« J'ai entendu que tu avais des problèmes de voiture et comme tu n'étais pas là quand je suis passé, j'en ai profité. » Millicent avait un large sourire. Bien sûr qu'il était passé et qu'elle n'était pas là. C'était pareil le jour où il était venu réparer son portique. Ou encore son lavabo qui fuyait dans la cuisine. Elle se demandait comment il avait pu entrer chez elle d'ailleurs.
« Et maintenant, tu as une voiture qui fonctionne parfaitement ! » Lennon avait un grand sourire affiché sur son visage.
« Et je te remercie Ô grand Lennon pour ce service. Tu es mon sauveur. » lui avait-elle dit ironiquement et avec elle aussi un grand sourire.
« Enfin bon pour te remercier, t'as le droit d'utiliser ma douche vu l'était où tu es. » dit-elle en indiquant l'entrée de sa maison. Lennon avait emboîté le pas et la rousse l'avait suivi. Il en avait fallu peu de temps pour que le brun aille en direction de la salle de bain. Millie était allée vers la cuisine pour préparer du café et allumer la radio. Au bout de quelques minutes, Lennon était sorti de la salle de bain et se trouvait dans le salon. Devant elle. Torse nu. Elle le fixait durant quelques secondes. De longues secondes où elle avait pu profiter. Elle secoua légèrement la tête pour reprendre ses esprits. « Café ? » avait-elle demandé avec un petit sourire. Il s'était approché d'elle. Un peu trop. Et la rousse ne bougeait pas. Elle avait plongé son regard dans le sien. Le visage de Lennon s'était approché du sien. Leurs lèvres n'étaient plus qu'à quelques millimètres.
« On ne devrait pas. » Ils ne devraient pas oui. Il était fiancé. Elle avait sans doute toujours été plus ou moins attiré par le brun. Lui aussi d'ailleurs.
« On s'en fiche. » avait-il dit avant de poser ses lèvres sur celles de Millicent. La jeune femme avait lutté pour ne pas succomber à cette envie. Mais elle en avait marre. Elle voulait se faire plaisir une fois. Peut-être deux. Elle savait que ça ne pourrait pas marcher. Ils étaient différents. Il voulait le mariage, des enfants. Alors que pour la rousse c'était le contraire. L'idée de se marier lui donnait des boutons et avoir des enfants, elle veut repousser ce moment le plus loin possible. Elle voulait juste profiter de ce moment, même si ce n'est pas forcément ce qu'elle devrait faire.